Nos communiqués

Retrouvez dans cette rubrique tous les communiqués de presse de l'association Femmes solidaires de l'année 2018-2019



Procès Müller : Balance ton quoi ?

La sentence est tombée, claire et tranchante. Sandra Müller, journalise à l’initiative du hashtag #BalanceTonPorc est condamnée à 20 000€ de dommages et intérêts pour diffamation à l’encontre d’Eric Brion, l’agresseur qu’elle dénonçait en 2017.

Ne nous trompons pas, ce jugement est une mise en garde. Victime, tais-toi ou ta parole sera utilisée contre toi. Si un agresseur te harcèle, s’approprie ton corps ou menace ta sécurité, c’est encore avec tes propres mots qu’on viendra s’en prendre à toi. La faute, depuis Eve, est toujours tienne.

Il n’y a rien de plus important au monde que la préservation de la réputation d’un homme. Qu’importe ta dignité, tes droits fondamentaux. Si sa réputation est écornée par ta parole, tu seras punie. Lui, bien sûr, jamais. S’il est chahuté publiquement, ce sera bien succinctement, et les appels à la bienveillance pleuvront sur lui sans jamais te frôler.

La réputation d’un homme mérite le plus grand soin, de l’ensemble de la société. Notre droit fondamental à vivre sans violence n’est, au mieux, qu’un sujet de conversation.

Que ceux qui craignaient qu’à balancer nos porcs, nous finirions par secouer le patriarcat dorment sur leurs deux oreilles : aujourd’hui, la justice est avec eux.

Notre position ne change pas : nous sommes du côté des victimes. Nous ne cédons pas. La priorité, nous l’affirmons depuis plusieurs années, est de tout mettre en œuvre pour accélérer le changement des mentalités. Dire Stop aux violences faites aux femmes ne suffit pas, il est indispensable de renverser les rapports de domination. Femmes solidaires continue de se mobiliser sur le territoire national au quotidien. 

Paris, mercredi 25 septembre 2019


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Le 7 juin 2019 coup d'envoi de la
Coupe du Monde Féminine de Football en France

Le sport est une question sociale. Il modifie notre rapport à l’espace public, de la cour de récréation au stade du quartier. Il engage nos corps, dans la pratique ou le soutien aux athlètes et équipes. Il rassemble autour du petit écran ou dans les équipements sportifs.

Les filles et femmes en sont encore trop souvent les exclues ou les effacées. Dans la plupart des fédérations, les ligues féminines sont moins nombreuses que les ligues masculines et ne bénéficient pas des mêmes moyens.

Montrer du sport à la télévision contribue au développement de la pratique. Depuis la Coupe du Monde de 2011 – première à être diffusée à la télévision – le nombre de licenciées de la Fédération Française de Football augmente de 90%*. En 2016, seulement 13,4% des retransmissions d’évènements sportifs concerne le sport « féminin ».

Femmes Solidaires est à l’initiative d’une pétition « Du sport féminin à la télé ! » pour demander au Ministre de la culture de modifier le décret du 22 décembre 2004** qui régit la retransmission des évènements sportifs, en s’appuyant sur le rapport « Le sport à la télévision en France » de septembre 2016 porté par Monsieur David ASSOULINE, vice président du Sénat, notamment pour les points suivants :
  • Assurer une meilleure visibilité du sport féminin en faisant que tous les événements d’importance majeure soient compris comme masculins et féminins
  • Une application contraignante du décret du 22 décembre 2004 qui permet de rendre plus visible ces Événements d’Importance Majeure sur les chaînes en clair.

Nous serons présentes tout au long de cette Coupe du Monde pour soutenir les footballeuses et
rendre visible le sport féminin. Retrouvez-nous en particulier :
  • Le 8 juin à Rennes pour Allemagne - Chine
  • Le 8 juin au Havre pour Espagne - Afrique du Sud
  • Le 13 juin à Paris pour Afrique du Sud - Chine
  • Le 17 juin à Montpellier pour Allemagne - Afrique du Sud.

Vous pouvez continuer à signer la pétition « Du sport féminin à la télé ! » sur le lien : http://chng.it/2LHwCrFdHd


* Rapport du conseil supérieur de l’audiovisuel du 17/08/2017.
** Décret n°2004-1392 du 22 décembre 2004 pris par l’application de l’article 20-2 de la loi
n°86-1 067 du 30 septembre 1986 relative à la liberté de communication, au sujet de la
diffusion des événements d’importance majeure.


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Notre ami Julien Lauprêtre,  Président du secours populaire français nous a quitté  

Femmes  solidaires  et  sa  présidente  Sabine  Salmon  souhaitent  exprimer  leur  profonde tristesse  et  combien  elles  sont  bouleversées  face  à  la  disparition  de  leur  ami  Julien Lauprêtre, Président du Secours populaire français.   

Engagé dès l’âge de 16 ans dans la Résistance, Julien rencontre en 1943, Missak Manoukian dans sa cellule, la promesse de continuer le combat nait ce jour pour le jeune le jeune Julien. Il  ne  trahira  jamais  son  engagement  premier  contre  le  fascisme,  le  transformant  en  un formidable élan d’entraide en présidant, pendant plusieurs décennies, le Secours populaire français. 
Quand Julien parlait des « gosses du secours », il avait tout dit de son engagement infaillible pour l’enfance en difficulté : il accompagnait chaque sortie à la mer, chaque activité. 

Femmes  solidaires  et  le  Secours  populaire  français  sont  deux  associations  sœurs  qui  ont placé la solidarité au cœur de leur projet depuis 74 ans. Sur le terrain, dans de nombreuses villes, nos bénévoles luttent ensemble, parfois dans des activités communes chaque jour pour faire reculer la pauvreté et la précarité aux côtés et en soutien des plus vulnérables, notamment les femmes et les enfants. C’est ensemble qu’ils et elles pleurent aujourd’hui la disparition de ce grand Homme.   Nous exprimons nos plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et ami.e.s, ainsi qu’aux membres du Secours populaire français. 

Paris, vendredi 26 avril 2019


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Plus que jamais nous sommes et resterons universalistes! 

Forte  d’une  expertise  territoriale  sans  faille,  Femmes  solidaires,  mouvement  féministe, d’éducation populaire qui intervient depuis de nombreuses années  auprès des jeunes des collèges,  des  lycées  dans  tous  les  territoires,  n’a  cessé  d’alerter  et  d’interpeler  les pouvoirs publics, les élu.e.s de la République et les ministères, sur la montée exponentielle et décomplexée du racisme, de l’antisémitisme, de l’homophobie et du sexisme. 

Femmes  solidaires  est  engagée  à  lutter  contre  ces  fléaux.  Ces  combats  possèdent  un fondement commun, constitutif par ailleurs de l’ADN de notre mouvement : l’universalisme. Ce courant de pensée, véhicule un principe simple selon lequel, tout être humain, et donc toutes femmes, doivent bénéficier des mêmes droits, peu importe leur identité, leur culture, leur  nationalité,  leur  emplacement    géographique,  leur  classe  sociale,  leurs  convictions philosophiques, politiques ou religieuses. Aujourd’hui, deux courants s’affrontent  dans notre monde et aussi dans notre pays. Il y a d’un  côté  le  relativisme  culturel  qui  remet  en  cause  les  principes  et  l’universalité  des libertés fondamentales et des droits humains, véritable désastre  à l’échelle de la politique française et sur l’échiquier international. Il tente de diviser les femmes, de les renvoyer à leur culture, leur pays, leur quartier, leur communauté, voire leur religion. De l’autre, le courant universaliste  qui défend l’idée  que les femmes doivent bénéficier des mêmes  droits quels que soient leurs cultures, leurs convictions philosophiques, religieuses, leurs croyances, le lieu où elles sont nées. Nous sommes de ce courant. L’universalité et la diversité culturelle forment un couple inséparable. Nous nous opposons à la «racialisation» des luttes qui, au nom des spécificités culturelles, de l’identité ou de la religion, relativise la question des droits fondamentaux des femmes, en tête desquels le droit des femmes à disposer de leur corps. Pour nous, la laïcité demeure le seul cadre législatif garantissant les droits égaux à toutes les femmes, les religions n’ayant jamais donné de droits nouveaux aux femmes, ni même garanti ceux déjà acquis. Nous revendiquons  un alignement des droits des femmes par le haut dans un cadre universaliste et laïque. 

Ce 8 mars 2019 sera donc placé sous le signe de la mobilisation, toujours plus importante de notre mouvement à travers plus d’une centaine d’actions sur tout le territoire. Plus que jamais nous sommes et resterons universalistes. 

Retrouvez-nous  sur   Femmes solidaires sur tous les territoires      
Contact : 01 40 01 90 90    
                                            
Paris, lundi 3 mars 2019


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Paris – Djibouti : Extrader un réfugié, c’est le tuer
Protégeons Mohamed Kadamy

Pour rejoindre le comité de soutien de Mohamed : http://www.ardhd.org/comite-de-soutien-a-mohamed-kadamy/ 

Depuis 1995, nous soutenons le combat légitime des femmes Djiboutiennes contre les viols par l’armée régulière. C’est à cette période que nous avons rencontré Aïcha Dabalé, militante féministe djiboutienne, avec qui nous sommes allées porter la voix de ces femmes à la Conférence mondiale des femmes à Pékin. Depuis plus de 20 ans, les violences faites aux femmes et plus généralement à une grande partie de la société civile s’est poursuivie dans une impunité totale.

Nous n’avons jamais cessé de soutenir les militant.e.s des droits humains en proie à la répression sanglante du pouvoir djiboutien et des dictateurs qui s’y sont succédé, dont l’actuel Président Ismaël Omar Guelleh. Nous n’oublions pas l’assassinat du fonctionnaire français, le juge Borrel, toujours impuni.

Djibouti est un petit pays de la Corne de l’Afrique très convoité pour sa position géostratégique. La France y a d’ailleurs sa plus grande base militaire à l’étranger. Des hommes et femmes, pourtant attaché.e.s à Djibouti, ont dû fuir ce petit pays de la Corne de l’Afrique pour sauver leurs vies. Certain.e.s d’entre eux ont obtenu la reconnaissance de leur statut de réfugiés en France.
C’est le cas de Mohamed Kadamy, qui n’est autre que l’époux de notre amie Aïcha Dabalé. Mohamed est un réfugié politique sous la protection de l’Etat français, et un leader d’un mouvement d’opposition démocratique au dictateur Omar Guelleh. Il a par ailleurs contribué durant des longues années à faire vivre la pluralité des opinions dans la Corne de l'Afrique en collaborant entre autres aux Nouvelles d'Addis.

Aujourd’hui, la vie de Mohamed Kadamy est en danger. Il est accusé par les autorités djiboutiennes de terrorisme comme régulièrement depuis 20 ans qu’il vit dans notre pays. Cependant, pour la première fois, la France vient de répondre positivement au dictateur IOG. Le militant a été mis en examen en France, un juge djiboutien a même été autorisé à venir pour l’interroger dans le cadre de cette procédure. C’est une décision très inhabituelle et qui révèle très probablement une entente entre les gouvernements djiboutiens et français. Bien que réfugié politique, Mohamed risque l’extradition.

Une extradition de Mohamed Kadamy signifie, sans la moindre ambigüité, sa condamnation à mort.

Femmes solidaires tient à rappeler à la France ses engagements en tant que partie prenante de la Convention de Genève, et notamment celles comprises par l’article 33 : « 1. Aucun des Etats Contractants n’expulsera ou ne refoulera, de quelque manière que ce soit, un réfugié sur les frontières des territoires où sa vie ou sa liberté serait menacée en raison de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. »

Femmes solidaires demande au gouvernement français, au nom de son engagement pour les droits humains et de tous les traités internationaux ratifiés par la France, de refuser d’extrader Mohamed Kadamy et de mettre un terme à toutes les poursuites contre ce militant des droits humains. A travers la persécution de Mohamed Kadamy, c’est une certaine idée de la France qui est remise en cause.

Paris, le 21 février 2019.

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Gilets Jaunes, féministes, militantes… la précarité est une violence faite aux femmes.

Femmes solidaires est un mouvement féministe, d’éducation populaire et laïque. Militantes, engagées dans 190 antennes et associations, nous vivons dans des contextes géographiques et économiques très différents, mais partout la pauvreté est très présente. Certaines d’entre nous connaissent des situations de grande précarité, accompagnons au quotidien des femmes dans leurs parcours. Nous savons donc à quel point il est de plus en plus difficile d’accéder à une insertion sociale et professionnelle, tant les freins sont nombreux et grands, tant les injustices sont de plus en plus prégnantes, à en devenir insupportables. C’est pourquoi nous comprenons la colère qui s’exprime actuellement.

Rappelons que les femmes représentent 82% des familles monoparentales. En 2018, 30,7% des femmes travaillaient à temps partiel contre 7,8% des hommes (Ministère du Travail). 9,4% des femmes étaient au chômage en France en 2017. Ces situations créent des difficultés d’accès au logement, à la santé, à l’éducation, mais aussi à la culture, de plus en plus considérée comme un luxe. Femmes solidaires refuse le discours de culpabilisation et de marginalisation de la population pauvre et précaire qui n’est pas responsable de cette situation. Depuis des décennies, l’Etat se désengage en matière de services publics au prétexte du déficit public. Comment payer des frais de garde pour chercher un emploi lorsque l’on est chômeuse ? Comment se déplacer quand les transports sont réduits voire inexistants dans les zones rurales pour accéder aux services publics de la santé, justice, etc., et que les tribunaux, les hôpitaux, les maternités, les centre IVG de proximité ferment ? Où est l’égalité d’accès aux droits sociaux quand les inégalités territoriales frappent encore les plus précaires ?
Pour toutes ces raisons, des femmes se mobilisent aujourd’hui sur l’ensemble du territoire national pour exiger des conditions de vies plus dignes et une meilleure représentativité de nos institutions.

Le mouvement actuel des Gilets Jaunes reflète une réalité que nous dénonçons depuis notre création en 1945 : la pauvreté est une violence. La meilleure façon de remédier aux inégalités sociales et territoriales, et notamment à l’inégalité femmes/hommes, est de s’attaquer à leurs causes. Il s’agit de garantir à toutes les populations des seuils décents de rémunération, de pensions et de prestations sociales pour prévenir de façon efficace et durable les situations de précarité, d’exclusion sociale qui touchent en premier lieu les femmes.

Notre force et nos engagements se subliment dans l’action pacifiste et solidaire.

Paris, le 13 février 2019

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La pénalisation d’achat d’actes sexuels reconnue conforme par le Conseil constitutionnel


Femmes Solidaires se félicite de la décision prise par le Conseil constitutionnel en matière de prostitution.

En effet, les juges ont considérés que le dispositif pénalisant l’achat d’actes sexuels était bien conforme à la Constitution.

Pour ce faire, ont été repris les principes selon lesquels la très grande majorité des personnes se livrant à la prostitution étaient victimes du proxénétisme ainsi que de la traite des êtres humains et que de telles infractions étaient rendues possibles par l’existence d’une demande de relations sexuelles tarifées.

Par conséquent, les juges ont estimé que la loi du 13 avril 2016 visant à renforcer la lutte contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées ne visait qu’à « assurer la sauvegarde de la dignité de la personne humaine contre ces différentes formes d’asservissement ».

Cette décision s’inscrit donc pleinement dans le mouvement de renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel et d’accompagnement des personnes prostituées.
La haute juridiction française envoie un message fort aux législations du monde entier : la prostitution n’est pas un simple contrat de service mais bien une violence, faite le plus souvent aux femmes.

Plus de doute possible désormais, le corps de la femme n’est pas une marchandise dont
autrui peut librement disposer moyennant rémunération !

Paris, vendredi 1 février 2019


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N’ABROGEZ PAS !

« L’homme fait ce qu’il veut, il impose. Il achète votre détresse. Il n’y aurait pas de prostitution, sans demande masculine »

Anne Darbes, survivante française

« La prostitution n’est ni du travail, ni du sexe. C’est de la violence sexuelle ».

Rachel Moran, survivante irlandaise

« Il existe des droits constitutionnels irréfragables comme la dignité. Le modèle abolitionniste est le seul qui soit conforme à ces droits ».

Mickey Meji, survivante, Afrique du sud

« Je ne peux pas laisser des gens parler à notre place, ce n’est pas possible que des hommes puissent violer contre de l’argent." Rosen Hicher, survivante, France

Une mobilisation exceptionnelle qui crie haut et fort : #nabrogezpas !

Le Conseil Constitutionnel est saisi d’une question prioritaire de constitutionnalité visant à abroger l’interdiction de tout achat d’un acte sexuel issue de la loi du 13 avril 2016 renforçant la lutte contre le système prostitutionnel et l’accompagnement des personnes prostituées.

Plus de 60 associations de lutte contre les violences faites aux femmes et aux enfants, ainsi que des personnalités féministes, se mobilisent et demandent au Conseil constitutionnel d’écouter la parole des survivantes de la prostitution et de ne pas abroger.

Parmi elles, 13 associations se sont déjà portées parties intervenantes auprès du Conseil constitutionnel en défense de la loi : Osez le Féminisme !, la CLEF (Coordination pour un lobby européen des femmes, qui réunit 67 associations), le Mouvement du Nid, Mémoire Traumatique et Victimologie, l’Amicale du Nid, CAP international, Zéromacho, la Fondation Scelles, l’AVFT (Association de lutte contre les violences faites aux femmes au travail), le CFCV (Collectif féministe contre le viol), la Maison des femmes de Paris, EACP (Equipes d’action contre le proxénétisme), Regards de femmes (aux côtés d’Yvette Roudy) défendront devant le Conseil Constitutionnel le maintien de cette loi essentielle. Toutes les autres associations s’associent à cette démarche (voir liste complète en bas de ce mail).

Il ne peut y avoir d’égalité entre les femmes et les hommes, sans lutte contre toutes les violences sexuelles et sexistes, y compris la prostitution.

Parce que les femmes et les enfants les plus pauvres ou vulnérables, les migrant·e·s, les réfugié·e·s, les personnes racisées ou appartenant à des minorités ethniques ou sociales, les victimes de violences sexuelles dans l’enfance sont les premières victimes de la prostitution. Cette loi les protège.

Parce que c’est cette vulnérabilité que les « clients » prostitueurs exploitent en imposant un acte sexuel par l’argent, indifférents à l’âge ou la condition de la personne qu’ils achètent. Ils paient pour avoir le droit de faire ce qu’ils veulent de la personne prostituée. Cette loi met fin à leur impunité.

Parce que la prostitution, répétition d’actes sexuels non désirés, a des conséquences physiques et psychiques similaires au viol et à la torture sur la santé des personnes en situation de prostitution : stress post-traumatique, dépression, suicide, dissociation traumatique. Cette loi vise à diminuer le nombre de victimes.

Parce qu’il est faux de dire, comme le font les requérants de la QPC, qu’en France, c’est la loi du 13 avril 2016 qui tue. Ce sont les proxénètes et les “clients” de la prostitution qui tuent. Ainsi, en 2014, 2 ans avant la loi, 8 personnes prostituées avaient été tuées en France, et à chaque fois que le meurtrier a été identifié, c’était un « client » prostitueur. Cette loi reconnaît que la prostitution est violence.

Parce que l’interdiction de tout achat d’acte sexuel et la lutte contre la marchandisation des êtres humains a une valeur normative forte et positive notamment auprès des jeunes. Cette loi renforce la lutte contre la prostitution des mineur.e.s.

Parce que chaque euro dépensé par un “client” prostitueur alimente les réseaux de proxénétisme et de traite des êtres humains (80% des personnes prostituées en France sont sous l’emprise de réseaux) et donc l’achat de femmes et d’enfants aux fins d’exploitation sexuelle. Cette loi est un outil de lutte contre le proxénétisme et la traite.

Parce que les requérants de la QPC veulent faire primer la liberté de commerce sur les principes d’égalité, de dignité humaine et d’indisponibilité du corps humain.

Parce qu’abroger la pénalisation des “clients” de la prostitution, au nom de la “liberté d’entreprendre” invoquée par les requérants, c’est admettre que la prostitution est une activité commerciale comme une autre, et rendre possible son organisation et donc rendre légale l’exploitation sexuelle d’autrui, comme en Allemagne.

La campagne #Nabrogezpas vise à interpeller le Conseil Constitutionnel sur la nécessité impérative de maintenir cette loi dans sa totalité. Elle vise également à interpeller le gouvernement (dont la grande cause du quinquennat est la lutte contre les violences faites aux femmes) pour qu’il défende cette loi auprès du Conseil Constitutionnel.

Signataires

Maud Olivier, ancienne députée et auteure de la loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel
Rosen Hicher, survivante de la prostitution
Amicale du Nid, Mouvement du Nid, Fondation Scelles, Elues contre les violences faites aux femmes, Regards de femmes, la CLEF (Coordination pour un lobby européen des femmes) Osez le féminisme, FDFA (femmes pour le dire, femmes pour agir), CNFF, Choisir la cause des femmes, L’égalité c’est pas sorcier, Femmes solidaires, Clara Magazine, Coalition against Trafficking in Women, Réseau féministe Ruptures, Mémoire traumatique et victimologie, Résistances de femmes, Fédération nationale solidarité femmes, Le monde à travers un regard, CRIFIP, AFCJ, EACP, Collectif féministe contre le viol (CFCV) L’escale, MJF, ACPE, CNDF, Cadac, SOS les mamans, CNIDFF, Le CRI, Zonta club de France, Fit une femme un toit, Chiennes de garde, CPL, Zeromacho, Marche Mondiale des femmes, CQFD Lesbiennes féministes, SOS sexisme, Encore féministes, Rajfire, Fédération nationale GAMS, Maison des femmes de Paris, Planning familial 75, Zero impunity, l’Assemblée de Femmes, La ligue du droit international des femmes, Réussir l’égalité femmes hommes, Libres MarianneS, Femmes migrantes debout, Efi-Ife, Collectif lesbiennes féministes Bagdam, collectif fièr·e·s et révolutionnaires du PCF, Les trois quarts du monde, Lobby européen des femmes, Espace Simone de Beauvoir, Collectif alouette, Mue, CAP international, Moi aussi amnésie, Association française des femmes médecins.


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#SansNous pour la marche du 24 novembre
#PPDC Plus Petit Dénominateur Commun
#NousLesFemmes Nous valons mieux que ça !


Nous n’irons pas marcher le samedi 24 novembre. Nous avons collectivement pris cette décision au vu des différentes positions exprimées lors des initiatives de préparation. Cette décision est lourde de sens, mais nous l’avons prise en pleine conscience de nos responsabilités de mouvement féministe rassemblant 190 associations locales en France et sur la base de deux valeurs qui nous animent et constituent l’ADN de notre engagement.

Nous sommes abolitionnistes. Nous nous inscrivons dans le combat avant-gardiste du Mouvement pour l’abolition de la prostitution et de la pornographie (MAPP). Femmes solidaires a participé depuis plusieurs décennies à toutes les luttes contre le système prostitutionnel qui fait de la marchandisation des corps une machine de guerre contre l’intégrité des femmes et encourage toutes les autres violences faites aux femmes. Organisées au sein de Abolition 2012, nous sommes fières d’avoir, à notre niveau, accompagné l’adoption d’une loi abolitionniste en France : la loi du 13 avril 2016, visant au renforcement de la lutte contre le système prostitutionnel et à l’accompagnement des personnes prostituées. Certaines associations ouvertement réglementaristes ont déposé il y a quelques jours une question prioritaire de constitutionnalité pour revenir sur la pénalisation des clients prostitueurs. Nous devons d’autant plus être claires sur la prostitution : elle est, à toute époque, en tout contexte, une violence patriarcale qui ne concerne pas seulement les victimes directes de la prostitution et de la traite mais également toutes les femmes en affirmant que l’on peut acheter leur corps, contrôler leur sexualité.

Nous sommes universalistes. Aujourd’hui, deux courants se font face dans notre monde et aussi dans notre pays. Il y a d’un côté le relativisme culturel, véritable fléau à l’échelle de la politique française et sur l’échiquier international, qui tente de diviser les
femmes, de les renvoyer à leur culture, leur pays, leur quartier, leur communauté, voire leur religion. De l’autre, le courant universaliste qui défend l’idée que les femmes doivent bénéficier des mêmes droits quels que soient leur culture, leurs convictions philosophiques, religieuses, leurs croyances, le lieu où elles sont nées. Nous sommes de ce courant. Nous nous opposons à la « racialisation » des luttes qui, au nom des spécificités culturelles, de l'identité ou de la religion, relativise la question des droits fondamentaux des femmes, en tête desquels le droit des femmes à disposer de leur corps. Pour nous, la laïcité demeure le seul cadre législatif garantissant les droits égaux à toutes les femmes, les religions n’ayant jamais donné de droits nouveaux aux femmes, ni même garanti ceux déjà acquis. Nous voulons un alignement des droits des femmes par le haut dans un cadre universaliste.

Enfin, Femmes solidaires considère que les violences faites aux femmes sont un continuum. Elles ne sont pas une suite de faits divers. Demander légitimement la fin de l‘impunité des violeurs n’a aucun sens si nous acceptons par ailleurs le viol organisé et réglementé qui porte un nom : la prostitution, si nous acceptons les dogmes religieux comme des normes à respecter. Il faut arrêter avec les traitements symptomatiques des violences faites aux femmes et cela ne passe pas par le plus petit dénominateur commun mais par des bouleversements systémiques. La stratégie du plus petit dénominateur commun peut révéler l’ampleur du phénomène des violences à court terme, mais sera contre-productive à long terme si nous ne remettons pas en cause les systèmes d’oppression des femmes dont le patriarcat et les dogmes religieux.
Nous restons solidaires de toutes les femmes donc pensons que nous valons mieux que le plus petit dénominateur commun.

Paris, lundi 19 novembre 2018


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Monopoly pour TRON et RAMADAN… 


Recevez une carte chance : vous êtes libéré de prison, vous êtes acquitté A 10 jours de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, ce 15 novembre 2018 est une date sombre pour la justice, une journée de colère pour les victimes de violences sexuelles en France. Georges Tron, maire de Draveil, a été acquitté aux assises, de faits de viols et d’agressions sexuelles avec sa complice. Tariq Ramadan, accusé de viols et d’agressions sexuelles, bénéficie d’une remise en liberté conditionnelle contre 300 000€ rapidement rassemblés. 

Femmes solidaires est un mouvement féministe d’éducation populaire et laïque fort d’un réseau 190 associations locales et 10 000 membres. Nous accueillons et accompagnons, dans 50 permanences, des femmes victimes de violence. Ces deux affaires rappellent que les hommes violents en général et les hommes violents et puissants en particulier bénéficient d’une révoltante impunité. 

Nous ne sommes pas surprises de ces décisions, mais profondément écoeurées. C’est comme une nausée tenace, un sentiment poisseux qui montent en nous quand on pense que ces hommes sont libres, libres de continuer, de recommencer. Georges Tron est acquitté, Dominique Strauss-Kahn donne des conférences, Tariq Ramadan comparaîtra libre et le plus souvent monsieur. La justice garde les yeux rivés quasi-exclusivement sur la preuve matérielle qu’il peut être difficile d’apporter plusieurs années après les faits, encourageant ainsi l’impunité. 

Ces violeurs et agresseurs sont libres parce que la justice continue de leur donner ces « cartes chances » magiques qui remettent toujours leurs compteurs à zéro, leur permettent de repasser par la case départ, comme dans un célèbre jeu de société. Mais nous appelons les victimes à ne pas se décourager nous sommes à leurs côtés pour continuer la bataille contre le continuum des violences et pour plus de justice. 

Paris, vendredi 16 novembre 2018


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Sur le Tour de Fance, pas de fille hors jeu !

En 1989, l’organisation du Tour de France supprime la course féminine qui se déroulait alors sur 3 semaines, juste avant la course masculine. Les deux tours, féminins et masculins, bénéficiaient à cette époque des mêmes moyens et d’une couverture médiatique similaire.

Cette année, un groupe de onze femmes cyclistes de l’association « Donnons des elles au vélo J-1 », organise et participe à un nouveau tour de France féminin. Elles vont parcourir l’intégralité des étapes de la Grand Boucle, 1 jour avant les hommes et vont pouvoir compter sur le soutien de Femmes solidaires.

Femmes solidaires est un mouvement féministe qui a pour ambition de changer la société notamment en déconstruisant les stéréotypes sexistes qui perdurent dans notre société et qui sont sources de discriminations et donc de violences.

Au fil des régions traversées, ce soutien se verra régulièrement renforcée par des femmes et des hommes partageant les mêmes valeurs de mixité, d’égalité et d’universalité pour les droits des femmes, renforçant ainsi la portée du message.

Femmes solidaires sera présente tout au long de leur course pour échanger, débattre sur la place des femmes dans le sport et les encourager dans leur démarche.

Nous les accueillerons et les rejoindrons sur 6 étapes avec les dégluée aux droit des femmes de chacun de ces territoires.
  • 8 juillet, contre la montre à Cholet : RDV entre 11h et 13h,
  • 11 juillet, arrivée à Mur-de-Bretagne : RDV entre 18h30 – 19h30
  • 13 juillet, arrivée à Amiens : RDV entre 18h30-19h30,
  • 19 juillet, arrivée à Valence : RDV entre 17h30-18h30,
  • 21 juillet, arrivée à Carcassonne : RDV entre 19h30-20h30,
  • 28 juillet, dernière étape à Paris
Le sport est un révélateur du taux de mixité dans l’espace public et du degré de liberté des femmes à disposer de leur corps.

Paris, le 5 juillet 2018


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#Musique #NINIskaNICantat

Femmes solidaires est un mouvement féministe d’éducation populaire implantée dans 190 territoires, villes, quartiers et zones rurales traversés par des réalités diverses. Nous avons lancé une campagne il y a quelques jours intitulée #GénérationNonSexiste pour aller à la rencontre des festivaliers et  articipant.e.s aux fêtes de villes et de villages. A cet effet, nous souhaitons donner sans ambigüité notre position quant à la venue du rappeur Niska à la fête d’Ivry (94) le samedi 16 juin, suite aux différentes déclarations et prises de parole des derniers jours et notamment des déclarations de la municipalité.

Nous souhaitons tout d’abord remettre au centre du débat les propos sexistes et violents des chansons du chanteur Niska qui semblent aujourd’hui passer au second plan. On nous dit qu’il plait à la jeunesse et que ce seul fait justifie qu’on le programme. Un grand service public de la culture doit avoir d’autres ambitions. Rappelons ces paroles que nous rejetons :

« Elle a mal aux reins quand je la démonte
Quand je la monte en l’air... » (…)
« C’est moi qui fait l’oseille,
Pétasse, fais le ménage. Ramasse ! »
« Ma femme c’est ma princesse, ma Naomi
Campbell. Y’a pas d’égalité, on frappe à la pelle »
ou encore…
« Il y a tous les vautours en bas de la tour Et dans l’escalier c’est chacun son tour Copine rentre dans le bloc On te fera du X et non pas l’amour », « Les filles égarées se prennent pour Madonna Faut les enfermer à coup de cadenas »

Les actions de notre association pour déconstruire les rapports de domination sexistes incluent aussi bien un accompagnement de femmes victimes de violences que des actions de prévention auprès des adolescent.e.s et des adultes. Partout, et auprès de tous et toutes, nous maintenons la même exigence de respect des droits des femmes. Nous ne nous taisons pas plus en banlieue que dans les quartiers d’affaires ou les bars branchés. Le sexisme persiste dans tous les domaines de la société, et nous le combattrons partout. Sans complaisance pour qui que ce soit.

Nous avons manifesté notre opposition aux concerts de Bertrand Cantat et à une rétrospective concernant Woody Allen à Paris et avons attaqué en justice Orelsan… À chaque fois que les auteurs de violences sexistes, y compris verbales, sont programmés, on banalise davantage les violences faites aux femmes. Et nos militantes retournent dans les classes expliquer que non, une femme victime d’un viol ne l’a pas « cherché ». Les violences faites aux femmes ne sont pas des faits divers, ils s’inscrivent dans un continuum qui commence par accepter les propos sexistes et finit par légitimer les pires crimes.

La création urbaine, dans toutes ses composantes, n’a pas plus de légitimité à être sexiste que toute autre expression artistique. Il nous a été opposé dans la presse que « la création française » regorge d’exemples de cette nature, c’est oublier un peu vite que la banlieue n’est pas moins française que le reste des territoires de notre pays. Les lois de la République s’y appliquent et la liberté d’expression en droit français est restreinte en matière de propos racistes mais aussi sexistes. Faudrait-il fermer les yeux, et murmurer avec condescendance que la violence est inévitable lorsque l’on est en « banlieue » ?

Nos militantes, nos associations sont implantées dans de nombreux quartiers sensibles où nous travaillons à la déconstruction de ce discours préjudiciable aux femmes et aux jeunes filles qui y vivent. Ce n’est pas pour nous y conformer aujourd’hui.

Il est vrai que la variété n’est pas plus irréprochable que le rap et que beaucoup de chansons sont à dénoncer dans les décennies passées. Mais voulons-nous vivre en nous référant à des titres d’il y a trente ans ou en espérant des normes sociétales plus émancipatrices pour l’avenir ? Les chansons de Niska sont contemporaines et elles sont chantées en ce moment. Nous les regardons avec les yeux du présent.

Nous n’appelons pas à la déprogrammation du concert Niska à Ivry-sur-seine, mais proposons juste une réflexion universaliste sur les droits des femmes.

Enfin, il est préoccupant de marquer notre désaccord contre ces violences comme un risque d’encouragement à troubler l’ordre public. On a, de tout temps, tenté de faire pression sur les femmes qui résistent au patriarcat en les accusant de bouleverser dangereusement l’ordre établi. Mais nous continuerons pour notre part, à nous opposer pacifiquement à toutes les manifestations de la culture du viol et des violences.

#NiNiskaNiCantat, nous voulons des #GénérationsNonSexistes.

Paris, le 12 juin 2018


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Projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles

Gardons les avancées et gardons-nous des reculs

Femmes Solidaires, mouvement féministe universaliste, laïque, et d’éducation populaire, est engagé dans la lutte contre les violences faites aux femmes et reçoit régulièrement des femmes victimes de violences pour les accompagner dans leurs démarches et les informer sur leurs droits.

Nous souhaitons solliciter l’attention notamment des parlementaires sur le projet de loi visant à renforcer la lutte contre les violences sexuelles et sexiste porté par la secrétaire d’Etat Marlène Schiappa. Il présente conjointement des avancées importantes et des régressions préoccupantes.

Nous saluons en particulier les avancées de ce projet de loi, relatif à
  • L’allongement du délai de prescription de 20 à 30 ans pour les viols sur mineur.e.s. La parole de toutes les victimes ne se libère pas de la même façon, dans la même temporalité ou les mêmes circonstances. En accordant aux victimes 10 ans supplémentaires pour porter plainte, on leur laisse un temps qui pourra faire toute la différence dans leur parcours traumatique.
  • La reconnaissance de l’outrage sexiste est une bonne chose. Les agresseurs de rue ont trop longtemps bénéficié de l’impunité et de la tolérance de la société.
  • La condamnation des raids numériques est une avancée importante : le (cyber)harcèlement que nous combattons au quotidien, y compris dans nos interventions en milieu scolaire, est un fléau sexiste.
Contrairement à ces dispositions législatives nouvelles, l’article 2 du projet de loi qui porte sur la création d’un délit « d’atteinte sexuelle sur mineur avec pénétration » est particulièrement dangereux et préoccupant. Nous exprimons notre désaccord avec cet article. Tout acte de pénétration commis par « violence, contrainte, menace ou surprise » est un viol. La déqualification du viol, un crime, en agression sexuelle, un délit, est déjà un phénomène récurrent que nous dénonçons avec force.

Nous soutenons par ailleurs la fixation d’un âge minimum de consentement à 15 ans. Nous regrettons que la présomption de non consentement n’ait pas été retenue lors du passage du projet de loi devant la commission des lois de l’assemblée nationale le mercredi 9 mai 2018. Indépendamment des difficultés constitutionnelles, la protection des mineur.e.s devrait être une priorité absolue de l’Etat.

Pour continuer à protéger les femmes et les mineur.e.s des violences sexuelles, dans la logique de notre lutte, nous demandons au gouvernement de revenir sur la suppression de la création de ce nouveau délit, que nous jugeons contre-productif à la protection des mineur.e.s. S’il était finalement maintenu, nous demandons aux parlementaires de faire échec aux mesures préoccupantes de ce texte.

Paris, le 11 mai 2018



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Loi asile et immigration : Liberté, égalité, sororité

Femmes solidaires est une association féministe universaliste constituée de 190 antennes et comités sur le territoire national. Nous accompagnons des femmes en situation de violence, indépendamment de leur statut national.

Le 22 avril dernier, l’Assemblée nationale a voté la loi « pour une immigration maîtrisée et un droit d’asile effectif ». Cette loi sera examinée prochainement au Sénat. Si nous saluons l’engagement des député.e.s progressistes de plusieurs partis qui ont proposé des amendements pour protéger les personnes bénéficiant d’une protection subsidiaire ou d’un statut d’asile, la loi contient des mesures qui détériorent les droits des femmes.

L’article 6 prévoit ainsi que le délai de recours passe d’1 mois à 15 jours en cas de rejet d’une demande par l’OFPRA. Les personnes qui déposent une demande d’asile, de statut de réfugiée ou de protection subsidiaire ont subi des violences profondément traumatisantes qui les ont contraintes, pour survivre, à partir. Les premiers entretiens sont intimidants et la parole s’y libère difficilement. La
plupart des femmes que nous accompagnons dans ces procédures obtiennent en recours le statut qui leur avait été initialement refusé. Diviser de moitié le délai de recours, c’est réduire considérablement la possibilité pour les personnes victimes de réussir à témoigner des violences qu’elles ont subies. À quelle fin ?

L’article 9 prévoit la répartition géographique imposée des personnes bénéficiant de l’asile en fonction de quotas régionaux. Les associations qui accompagnent les personnes concernées s’inscrivent dans un processus de longue durée sur la sortie des violences et la reconnaissance du statut de réfugiée ou de la demande d’asile. Un déménagement après l’obtention du titre déconstruit immédiatement ce travail d’accompagnement qui doit être recommencé par d’autres associations (lorsqu’elles existent et sont en capacité de le faire) sur le nouveau lieu d’hébergement.

L’article 16 allonge la durée de rétention maximale à 90 jours, soit 3 mois, y compris pour des enfants en dépit de multiples condamnations de la France par la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour la détention de mineur.e.s.

Cette loi interroge profondément notre capacité à préserver les valeurs qui ont écrit les grandes pages de notre histoire et présidé à l’écriture de nos textes fondateurs et de notre constitution. Il est toujours plus facile de fermer sa porte que de l’ouvrir, toujours plus rassurant de rester chez soi que de s’exposer à autrui. Lorsque l’on doit partir, risquer sa vie pour avoir une chance de la préserver, on porte en soi l’espoir d’un ailleurs, une terre d’accueil… Ce que notre pays a souvent été pour le  meilleur.

À ce titre, l’inscription dans la loi du délit de solidarité a fait l’objet d’une question prioritaire de constitutionnalité déposée le 9 mai dernier et qui vise à déterminer s’il est compatible avec la devise républicaine de fraternité. Pour notre part, nous avons tranché : si être solidaire est un délit, alors nous sommes toutes des délinquantes.

On peut toujours envisager les déplacements humains comme des phénomènes comptables, un rapport sur investissements. On ne peut ouvrir nos frontières que lorsque l’on a besoin de main-d’oeuvre à bon marché – comme le fait l’Allemagne – ou de cerveaux – comme le prévoient les articles 20 et 21 de la loi qui facilitent l’entrée et le maintien en France d’étudiant.e.s, de chercheurs et chercheuses ou de personnes pouvant « contribuer au rayonnement de la France ».

Mais nous pouvons aussi décider de faire preuve de plus d’ambition et tâcher de construire ensemble, une société où la protection de nos droits et libertés fondamentales n’est pas inférieure à notre droit à vivre en sécurité, et ce indépendamment des chemins que nous avons dû prendre pour être en France
hier ou aujourd’hui. En réalité, une société plus juste, plus égalitaire, plus…sororale.

Paris, le 11 mai 2018


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Hommage à Mireille Knoll, femme, juive, assassinée

L’antisémitisme n’est pas une fatalité, il se combat

Femmes solidaires, mouvement féministe universaliste, laïque et d’éducation populaire, issu des comités féminins de la Résistance, est engagé depuis sa création en 1945 contre le racisme, le fascisme et l’antisémitisme.

L’association tient à exprimer son indignation et sa profonde tristesse face à l’assassinat de Mireille Knoll survenu le vendredi 23 mars dernier, femme de 85 ans de confession juive. Ce crime odieux pour lequel le caractère antisémite vient d’être retenu est une barbarie, une barbarie d’abord pour la victime et ses proches, une barbarie pour les juives et les juifs de France, une barbarie pour notre pays tout entier, car quand les juives et les juifs de France ne sont plus en sécurité, ce sont les valeurs de la République qui sont attaquées et notre histoire qui s’assombrit.

L’antisémitisme est dans notre pays une plaie béante, dès qu’on cesse de la soigner le sang coule à nouveau. Nous ne pouvons plus faire comme si nous ne savions pas et fermer les yeux, faire comme si les juives et les juifs de France vivaient en toute sérénité alors qu’ils et elles subissent insultes et violences en tous genres. Ils en viennent même à craindre pour leur vie, celle de leurs enfants.

Depuis plusieurs années, Femmes solidaires intervient dans de nombreux lycées et collèges de France et alerte les pouvoirs publics, les élu.e.s de la République, les ministres, sur la montée de l’antisémitisme porté par les théories complotistes. Nous constatons que comme les violences faites aux femmes, les violences antisémites sont le fruit d’un continuum qui prend corps dans les stéréotypes qui engendrent discriminations et violences. A l’occasion de débats sur l’égalité femmes/hommes, nos intervenantes constatent que l’antisémitisme devient une idée comme une autre que l’on peut exprimer dans certains établissements de façon décomplexée, plongeant les enseignant.e.s dans un profond désarroi. Certain.e.s ne souhaitent plus aborder la question de la Shoah dans leurs classes et subissent l’instrumentalisation systématique du conflit israélo-palestinien qui fige toute réflexion. Si Femmes solidaires est si souvent témoin de ces propos antisémites, c’est parce que ceux qui les propagent rejettent également l’égalité femmes/hommes et le droit des femmes à disposer de leur corps. En première ligne de ces attaques nous retrouvons l’extrême droite et l’islamisme politique sous toutes ses formes porté par des lieux de culte laissés sans contrôle aux abords des lycées. Ces groupes convergent dans leur pensée et leurs actes.

Il est temps de prendre la mesure de ce qui se passe dans nos écoles, l’histoire de Mireille Knoll doit interroger chacun.e de nous. Comment une enfant qui a échappé à la Rafle du Vel’d’hiv, qui épousera un rescapé de la Shoah, peut mourir en 2018 sous les coups d’un meurtre antisémite soixante-seize ans plus tard ?

La présence des juives et des juifs de France dans notre pays atteste de la longue tradition d’accueil d’une France de la diversité. Nous combattrons efficacement et durablement cette barbarie par la connaissance, le courage du dialogue et la lucidité sur la situation de certains de nos quartiers.

Pour rendre hommage à Mireille Knoll et parce que nous continuerons sur tous les terrains à lutter contre les assignations communautaires, les préjugés, le racisme et l’antisémitisme, nous appelons à la Marche blanche du mercredi 28 mars à 18h30, Place de la Nation.

Paris, mardi 28 mars 2018

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Nous sommes #GenerationNonSexiste



Femmes solidaires, mouvement féministe universaliste, laïque et d’éducation populaire, défend les valeurs d’égalité entre les femmes et les hommes, de mixité et de laïcité.

Le temps du constat. Nous avons assisté ces derniers mois simultanément à une libération de la parole et à une amélioration de la qualité de l’écoute. La violence que nous constatons au quotidien sur tous les territoires est désormais largement révélée et entendue dans l’espace public. Des millions de femmes et de filles en France ont partagé leurs expériences de citoyennes dans des sociétés sexistes sur les réseaux sociaux mais également auprès de leurs proches. Une partie de notre société a réalisé que le sexisme est bien vivant et que les droits des femmes sont encore trop souvent bafoués. Si une prise de conscience nécessaire est en cours, elle est constamment ralentie par la tentation du statu quo et de la déresponsabilisation des auteurs de violences notamment des plus célèbres et des plus puissants dans le monde. Il est temps de passer à la vitesse supérieure.

Place à l’action. Transformer notre société nécessite de déconstruire les rapports de violence et de domination. Femmes solidaires est durablement engagée dans cette déconstruction, que ce soit dans nos actions en direction de la jeunesse et de tous les lieux d’éducation populaire, avec plus de 10 000 élèves sensibilisé.e.s l’an dernier, ou durant nos campagnes. Nous avons mené depuis 2016 des actions estivales en direction des lieux festivaliers et culturels pour sensibiliser à la non-violence et au respect, avec notre campagne #CetÉtéCRespect. Pour que la transmission de cette culture de la non-violence commence dès le plus jeune âge, Femmes solidaires propose la création d’Observatoires de l’égalité fille-garçon dans chaque établissement scolaire, proposition que nous avons présentée le 25 novembre dernier au Président de la République, Emmanuel Macron et à la secrétaire d’Etat, Marlène Schiappa.

#GenérationNonSexiste. En cette journée internationale des droits des femmes, nous réaffirmons que nous avons toutes et tous le droit de vivre dans une société sans sexisme, de vivre en sécurité. Pour que cette société émerge, nous lançons une nouvelle campagne #GénérationNonSexiste. À partir du 8 mars, Femmes solidaires sera à l’initiative d’une centaine d’actions sur toute la France, manifestations culturelles, débats, rencontres qui participeront à développer une culture de l’égalité de genre et de la non violence à travers toutes les générations.
Ainsi le 8 mars nous serons partenaires de l’émission Rire contre le sexisme sur France 4 à 20h30 où des artistes, comédien.nes et comiques viendront animer une soirée dont l’intégralité des dons nous seront reversés pour nos actions de sensibilisation auprès de la jeunesse. En effet, Femmes solidaires s’engage par le biais d’interventions en milieu scolaire et dans des lieux d’éducation populaire, de réalisation de supports de communication et de plaidoyer qui vont se décliner sur tous les territoires, dans les salles de classes et les maisons de quartier, dans nos rues et sur nos écrans.

Nous sommes #GénérationNonSexiste !

Rejoignez-nous via femmes.solidaires@wanadoo.fr, ou directement sur tous les territoires http://femmes-solidaires.org/?-AGENDA- 

Paris, vendredi 2 mars 2018


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Pétition pour l'entrée de Marie-Claude Vaillant-Couturier au Panthéon


À l’attention de Monsieur le Président de la République française,
Emmanuel Macron,
Palais de l’Elysée

Monsieur le Président de la République,

Nous venons par la présente solliciter de votre haute bienveillance une demande qui nous est chère et qui est de votre seul ressort. Nous souhaitons que vous puissiez faire entrer Marie-Claude Vaillant-Couturier dans la crypte du Panthéon au côté de sa chère amie et camarade de déportation Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Il nous semble qu’au regard de ce qu’elle a apporté à notre pays et des valeurs qu’elle a défendues, tant dans ses convictions que dans ses actes, elle devrait naturellement trouver sa place auprès des grand.e.s femmes et hommes envers lesquel.le.s la Patrie est reconnaissante. Permettez-nous de porter à votre connaissance quelques étapes de sa vie qui nous semblent pouvoir vous convaincre de la légitimité de notre démarche.

En 1933, toute jeune reporter à la revue Vu comme photographe, deux mois après l’accession d’Hitler au pouvoir, elle réalise clandestinement, au péril de sa vie, les premiers clichés des camps d’Oranienburg et de Dachau, publiés dès son retour en France afin de dénoncer la politique du parti nazi.

Dès l’été 1940, engagée au Parti communiste, elle entre dans la Résistance et participe à des publications clandestines, notamment à L’Université Libre et à l’édition de L’Humanité clandestine. Elle assure la liaison entre la résistance civile (Comité des Intellectuels du Front national de lutte pour l’indépendance de la France) et la résistance militaire de l’Organisation spéciale.

Le 9 février 1942, elle est arrêtée à la suite d’une opération des brigades spéciales avec 150 autres résistant.e.s communistes. Les hommes seront fusillés au Mont-Valérien tandis que les femmes seront déportées à Auschwitz-Birkenau puis à Ravensbrück. Son convoi, parti de Compiègne le 24 avril 1943, comprenait 232 femmes et seulement 49 d’entre elles sont rentrées.

A la libération du camp de Ravensbrück le 30 avril 1945, Marie-Claude Vaillant-Couturier fait le choix de rester pour accompagner les Français.e.s intransportables. Elle sera la dernière Française à quitter le camp le 25 juin 1945. Son courage et sa bienveillance auprès de ses camarades de déportation sont salués par tous et toutes, y compris par la presse française. Ainsi Le Monde fait paraître un article en juin 1945 insistant sur l’incomparable loyauté de Marie-Claude Vaillant-Couturier : « Chaque jour, cette magnifique Française parcourt les blocs, relève les courages, donne de l'espoir qui n'est souvent que de l'illusion. Le mot de sainteté vient à l'esprit quand on voit cette grande soeur de charité auprès de ces hommes et ces femmes qui meurent chaque jour ».

En 1945, à son retour bien qu’épuisée, elle participe à l’Assemblée constituante. Elle sera par la suite plusieurs fois députée de la Seine et vice-présidente de l’Assemblée nationale.

Le lundi 28 janvier 1946, lors de la quarante-quatrième journée, Marie-Claude est citée comme témoin au Tribunal de Nuremberg. Lors de son témoignage face aux criminels nazis, elle affrontera ces derniers avec courage et responsabilité. Elle témoignera du sort fait à ses camarades des 31 000 mais aussi du génocide des juifs et des tziganes et sera en mesure de parler en détail de nombreux convois dans lesquels elles et ils périrent.

Dès son retour des camps, Marie-Claude Vaillant-Couturier voue le reste de son existence à la justice sociale et à la mémoire de ses camarades mort.e.s en déportation. Membre dirigeante de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes dès 1945, elle en devient ensuite vice-présidente, puis co-présidente en 1978.

Elle est également une des premières animatrices de l’Amicale d’Auschwitz. En 1964, devant l’Assemblée nationale, elle défend la notion d’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, ouvrant ainsi la voie à la ratification par la France en 1968 de la Convention de l’ONU sur l’imprescriptibilité de ces crimes.

En 1987, elle est appelée par toutes les parties civiles à témoigner contre Klaus Barbie.

Lors de la création de la Fondation pour la Mémoire de la déportation en 1990, elle en est désignée unanimement présidente, puis présidente d’honneur jusqu’à son décès.

Dès le 20 novembre 1945, Marie-Claude Vaillant-Couturier est nommée Chevalier de la Légion d’honneur puis élevée au grade d’Officier en 1981. Le 16 avril 1995, elle reçoit la cravate de Commandeur de la Légion d’honneur des mains de son amie Geneviève de Gaulle. Elle s’éteint le 11 décembre 1996 à Paris.

Enfin, cette grande militante féministe fut vice-présidente de l’Union des femmes françaises, aujourd’hui Femmes solidaires, et mena nombre de batailles pour l’égalité salariale et les droits des femmes.

Monsieur le Président, voici les quelques éléments que nous souhaitions porter à votre connaissance. Nous savons qu’une telle décision doit emporter un consensus national, mais Marie-Claude Vaillant-Couturier fait partie de ces femmes d’exception dont le parcours exemplaire fait l’unanimité au-delà de son engagement politique.

Dans l’espoir que notre demande retienne favorablement votre attention, veuillez recevoir, Monsieur le Président, nos salutations les plus respectueuses.

Sabine SALMON,
Présidente nationale de Femmes solidaires,
membre du Haut Conseil à l’Egalité,

Marie-José CHOMBART de LAUWE, résistante, déportée,
Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la déportation,
Co-Présidente de l’Amicale de Ravensbrück et des Kommandos dépendants,
Jean VILLERET, résistant, déporté,
Président de la Fédération nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes,
Jean-Claude PASSERAT, déporté, né à Ravensbrück,
Thomas GINSBURGER,
fils de Marie-Claude Vaillant-Couturier,
Isabelle ANTHONIOZ-GAGGINI,
fille de Geneviève de Gaulle-Anthonioz,
Marie-France CABEZA, fille de déportée,
Co-Présidente de l’Amicale de Ravensbrück et des Kommandos dépendants,
Dominique DURAND, fils de déporté,
historien, auteur de Marie-Claude Vaillant-Couturier : une femme engagée,
Carine DELAHAIE,
Rédactrice en Cheffe de Clara-magazine,
Patrick APEL-MULLER
Directeur de la rédaction de l’Humanité
Pierre LAURENT, Secrétaire national du PCF,
Anita BAUDOUIN,
Secrétaire générale de la Fédération nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes,
Françoise BULFAY,
Présidente nationale des Amis de la Fondation pour la mémoire de la déportation.

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