vendredi 7 février 2014

Report sine die de la loi sur la famille : nous voilà mariées, mais sans enfant.

Pour faire passer la loi sur le mariage pour tous, dans un climat qui n’était pas à la hauteur de cette France que l’on se plaît à croire comme l’héritière des Lumières, des ajustements ont été faits. La question de la procréation médicale assistée (PMA) a été éludée et la loi sur la famille enterrée. Nous voilà donc mariées, mais sans enfant.

La décision de l’exécutif de reporter le texte et le veto sur la PMA heurte notre association qui se bat pour faire reconnaître les droits des femmes et toutes les formes de familles. Faut-il être en couple pour avoir un enfant ? Pourquoi une femme célibataire ne pourrait-elle pas recourir à la PMA alors que 2,84 millions d’enfants de moins de 25 ans (Insee - 2005) vivent dans une famille monoparentale ? Faut-il être en couple hétérosexuel pour avoir un enfant ? Cela reviendrait à dire que certains couples «valent» plus que d’autres, ont plus de reconnaissance de l’Etat. Cela reviendrait aussi à dire que les enfants déjà nés de la PMA n’ont pas le droit d’avoir leurs deux parents à leurs côtés. N’est-ce pas une grande injustice faite aux familles à l’heure où la « familiphobie » fait des ravages ?

Nous savons bien que les lois arrivent toujours trop tard, nous savons que les évolutions sociétales sont en marche avant même que le législateur n’en ait connaissance. Nous savons aussi que faire machine arrière sur de tels sujets alors que les débats ont été déjà bien engagés - et houleux - c’est clouer au pilori des avancées qui auraient pu faire la fierté d’un gouvernement de gauche. Peut-être pas tout de suite, peut-être dans 10 ans, mais la politique ne se joue-t-elle pas sur le long terme ? En privilégiant la voie électorale et la voix des «manifestants pour tous», ce sont toutes les voix progressistes qui sont étouffées, les voix de 57% des français-es qui se disent favorables à autoriser la PMA (sondage Louis Harris). La réflexion de fond a déjà lieu, place aux actes. Repensons la famille, sinon, il paraîtrait qu’«à des maux étranges on applique d’étranges remèdes » et ce serait beaucoup de bruit pour rien.

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