Avortement : hier l’Espagne, aujourd’hui le Portugal, et demain ?
Femmes solidaires est signataire de ce communiqué collectif :
Le 21 juillet, le Parlement portugais a voté une loi restreignant
l’accès des femmes à l’avortement, marquant ainsi un recul sur le
terrain de la libre disposition de son corps. Nous condamnons le vote de
cette loi inique, qui non seulement marque un retour en arrière, mais
est aussi dangereuse pour la vie de milliers de femmes portugaises.
Alors que les Portugaises pouvaient depuis 2007 avorter librement et
gratuitement, elles devront dorénavant payer tous les actes médicaux
liés à l’interruption de grossesse, et se soumettre à des entretiens
préalables qui visent ni plus ni moins à les empêcher d’avorter (en
détaillant les allocations auxquelles elles pourraient prétendre en cas
de naissance).
A l’instar de l’Espagne en 2014, le Portugal est passé d’une législation progressiste à une législation réactionnaire, qui cède sous le poids des conservatismes et considère les femmes comme des êtres inférieurs, qui ne sauraient prendre une décision de manière libre et éclairée. Nous le rappelons, encore et toujours : une femme qui veut avorter sait ce qu’elle fait. Tenter de l’empêcher de le faire est une violence.
Les avortements clandestins tuent 47000 femmes par an dans le monde. Sur 46 millions d’avortements réalisés chaque année, 20 millions le sont dans des conditions illégales et dangereuses. La conséquence c’est que toutes les 9 minutes, une femme meurt des suites d’un avortement clandestin (chiffres de l’OMS). Le Portugal, avec sa nouvelle législation ne va faire qu’alourdir le bilan ! Restreindre le droit d’avorter, c’est donc pousser les femmes dans la clandestinité. Les plus riches iront avorter dans des pays où c’est autorisé. Les autres devront s’en remettre aux méthodes à risque, dont on connaît trop bien les conséquences sanitaires désastreuses.
Nous nous inquiétons des nombreuses menaces qui pèsent sur
l’avortement en Europe. C’est la Pologne qui a adopté en 1993 une
législation drastique en la matière, et qui n’autorise l’avortement
qu’en cas de viol ou de risques vitaux pour la femme. C’est l’Espagne
qui a récemment restreint l’accès à l’avortement pour les mineures,
après avoir échoué dans leur tentative de le restreindre pour toutes les
femmes. C’est l’Irlande qui, malgré de très timides tentatives
d’évolutions législatives en la matière, continue de l’interdire,
condamnant ainsi des femmes littéralement à mort. C’est l’Italie,
dénoncée en 2012 par le Conseil de l’Europe, où en moyenne 70% des
médecins (voire 90 à 95% selon les régions) sont objecteurs de
conscience/évoquent l’objection de conscience pour ne pas pratiquer
d’avortement. C’est la Hongrie, dont l’actuel gouvernement finance des
campagnes anti-avortement. C’est Malte, qui l’interdit en toutes
circonstances. Les Européennes sont inégales en la matière. Allons-nous
tolérer cette situation encore longtemps ? L’Union européenne va-t-elle
continuer de faire la sourde oreille sur ce sujet ?
Le 17 janvier dernier, alors que nous célébrions les 40 ans de la loi
autorisant l’avortement en France, nous avons pris l’engagement de nous
battre pour que l’avortement soit légalisé à l’échelle de l’UE, que
toutes les femmes soient libérées du poids d’une grossesse non désirée,
partout. Le droit des femmes à disposer de leur corps ne doit plus être
l’angle mort des politiques européennes !
Des informations supplémentaires ainsi que la liste des organisations signataires sont disponibles ici.
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