vendredi 15 juillet 2011

Comité de soutien à Naffisatou Diallo

Créé le 16 juin 2011 à l’initiative du Comité de soutien de soutien des Guinéens en France et Coalition against trafficking of women (CATW-Europe), Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles (CAMS), Commission genre de mondialisation d’Attac, Femmes Solidaires, Ligue du droit international des femmes.

Les Guinéens et Guinéennes de France ainsi que les féministes françaises regroupées dans les structures et associations, citées ci-dessus, avons constitué il y a trois semaines ce Comité de Soutien pour exprimer notre solidarité à Nafissatou Diallo dans la terrible épreuve qu’elle subit. Sanaba Coné Camara, membre de la diaspora guinéenne en France, en est la porte-parole. Le Comité de soutien s'organise en partenariat avec plusieurs organisations féministes aux Etats-Unis, en particulier à New York grâce à Dorchen Leiholdt, avocate directrice du plus grand centre venant en aide aux femmes victimes de violence et aux femme migrantes, "Sanctuary for families".

Comme il était prévisible dés le début de l’affaire, la stratégie des avocats de Dominique Strauss-Kahn a consisté à détourner l’attention des accusations d’agression sexuelle et à mettre l’accent sur la personnalité de ND. Avec l’aide des tabloïds et de sources anonymes proches du procureur, ils ont tenté de détruire la réputation de la jeune Guinéenne. « Comme des requins qui reconnaissent l’odeur du sang, l’équipe qui défend DSK était prête à se ruer pour tuer. La faire passer pour une prostituée allait détruire totalement sa crédibilité ». Voilà ce que nous a écrit Dorchen Leiholdt, il y a quelques jours. Cette avalanche de propos avancés sans preuve a retardé l’organisation du soutien à Nafissatou Diallo, alors même que, bien malgré elle, le parcours de cette femme est devenu aujourd’hui un symbole : mariée de force à treize ans, veuve, élevant seule sa fille après avoir émigré et obtenu le droit d’asile aux USA. Les femmes et les filles les plus vulnérables de notre société ― celles qui sont pauvres, immigrées, peu instruites, victimes d’abus sexuels et d’exploitation ― bénéficient encore trop peu de la protection de la loi. Les procureurs devraient donc anticiper les mises en cause de la crédibilité et de la réputation des victimes et être prêts à les comprendre, à les défendre et à les protéger.

Une relative prudence semble désormais s’installer dans les medias. Les charges contre DSK ne sont pas retirées et la prochaine audience a même été repoussée au 1er août. Les indications médico-légales confirmant une agression violente ne sont pas contestées. Nous savons d'expérience qu'une femme, excisée et ayant subi un mariage forcé à 13 ans ou 15 ans, c’est-à-dire un viol, n'est pas encline à désirer des relations sexuelles, et encore moins avec un inconnu. Notre constat est que les femmes victimes de violences sexuelles ont encore plus de mal à révéler puis à parler de ce qu'elles ont subi que pour d'autres formes de violence.
ND est toujours sous protection et n’a pas été expulsée. Nous savons qu'un retour dans son pays la mettrait en danger de mort. Dans le même temps, le mur du silence se fracture : en Guinée, remontent dans la conscience collective les viols commis par les militaires en 2009.

Femmes de toutes classes sociales ou couleurs de peau, proies potentielles pour ces agresseurs, nous sommes déterminées à faire cesser ces abus de pouvoir que toutes les sociétés du monde connaissent et dont elles se refusent souvent à voir la gravité. Il s’agit donc d'avancer toutes et tous ensemble.
L'objectif du Comité de soutien est de relayer les informations et d'organiser la solidarité autour de ND (en particulier financière dont elle aura très vite besoin car elle risque de perdre son emploi au Sofitel) et pour que justice soit faite.


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